L’habitat rural
Il est caractéristique du Coutançais. Les constructions traditionnelles sont souvent de grande taille, les façades le plus souvent orientées vers le sud afin de bénéficier de la meilleure exposition au soleil, les façades nord étant pratiquement aveugles. Les toitures sont couronnées de souches de cheminées sur le faîtage des pignons. Des lucarnes-frontons triangulaires dites « à la Coutançaise » éclairent les combles et témoignent des anciennes couvertures en chaume.
Quelques maisons bourgeoises interprètent de façon plus ostentatoire cette architecture locale.
Le développement de l’exploitation des carrières de « pierre de Montmartin » a généralisé l’utilisation de ce calcaire gris clair au cours du XIXe siècle, aussi bien pour les encadrements des baies, les chaînages d’angles que pour la maçonnerie des murs. Il s’est substitué aux maçonneries de schistes des maisons plus anciennes.
Dans sa notice communale, l’instituteur de Lingreville, Eugène Pasquet mentionne en 1914 la forte présence du chaume et les raisons de son remplacement par l’ardoise. De plus, le développement des chemins de fer, à la fin du XIXe s., a permis d’acheminer à moindre coût ce matériau pondéreux.
En 1914, le bourg de Lingreville regroupe l’essentiel des commerces : épiceries, débits de boisson, boulangers, boucher. Toitures en chaume, en ardoise et en tuile se côtoient au début du XXe s.
Le château d’Annoville
Il est édifié au XVIIe siècle en granite de Chausey par la famille Michel d’Annoville. Cette famille en reste propriétaire jusqu’en 1916. Le château devient par la suite une colonie de vacances (colonie La Navette Flérienne, colonie des châtelets d’Alençon). Actuellement propriété privée.
Le château de Lingreville
Construit au XVIIe siècle par la famille Belin, il devient la propriété de Gabriel Frémin du Mesnil (1751-1843) maire et Coutances et député de la Manche.
En 1914, l’instituteur Eugène Pasquet le décrit ainsi :
Occupé par les Allemands pendant la dernière guerre, il est fortement endommagé par les bombardements lors de la Bataille de Normandie (1944). Rasé en 1976, il ne reste aujourd’hui que les ruines de deux grands colombiers et du mur d’enceinte.
L'église d'Annoville
L'église d'Annoville, sous le patronage de Notre-Dame présente des éléments datant du XIe siècle. Son clocher a été construit avec le surplus Occupé par les Allemands pendant la dernière guerre, il est fortement endommagé par les bombardements lors de la Bataille de Normandie (1944). Rasé en 1976, il ne reste aujourd’hui que les ruines de deux grands colombiers et du mur d’enceinte.des granits taillés du château. On y trouve deux reliquaires de la première moitié du XVIIIe siècle.
L'église de Lingreville
L’église de Lingreville dédiée à Saint-Martin date du XIIIe s. Elle présente la particularité de
posséder un double transept résultant des transformations réalisées en 1864-1865. La
population de Lingreville ayant augmentée, l’église était devenue trop petite. On démolit alors la nef (du XIe siècle), on édifia un deuxième transept doublant la largeur du premier
et une nef plus longue et plus large que l'ancienne.
Les statues retirées lors des travaux d’agrandissement du XIXe s. y ont été replacées en 1984 : grand Christ en bois du XVe s. (autrefois sur une poutre de gloire), Sainte Barbe du XVe s. en pierre invoquée contre les orages, Saint-Pierre, Saint-Jean et Saint Louis du XIVe s., Saint-Martin de la fin du XIIIe s., Saint-Sébastien et Saint-Martin du XVIIIe s.
L’église de Tourneville
L’église de Tourneville, initialement sous le vocable de « Notre-Dame la Fleurye », est reconstruite et agrandie entre 1854 et 1856. Elle présente dans le chœur des boiseries provenant de l’ancien manoir de Tourneville. Des pierres tombales du XVIIe et XVIIIe siècle de la famille Billard sont également visibles.
Les calvaires
Au Hameau au Gendre, dans la rue des matelots, une croix édifiée probablement dans la première moitié du XXe siècle présente une ancre et la mention « La croix es matelots ». C’était la route empruntée par les marins de la côte qui partaient embarquer à Granville pour la « Grande pêche ».
Deux belles croix en granit se situent dans les enclos paroissiaux des églises d'Annoville et de Tourneville.
Le lavoir du Mesnil
Le Lavoir du Mesnil a été construit par Mr Gaillardon, maçon et arrière grand père de Marie Leconte au début du 19e siècle. A l’époque c’est le Baron d’Annoville, ancien propriétaire du château de Lingreville, qui a financé les travaux, et qui a fait don de ce bassin public à l’ensemble des habitants du village du Mesnil. Jusqu’à ce jour il a régulièrement été entretenu par les riverains.
Ce lavoir était autrefois alimenté par une source située au Nord-est du bassin. L’eau de la source traversait la route de manière visible dans une sorte de gué, qui gelait l’hiver. Il y avait un grand puits-chapiteau, en pierre, juste à côté du lavoir. Tous les habitants du village venaient se ravitailler à ce puits pour ramener de l’eau potable à la maison. Pour arroser le jardin, ils puisaient directement l’eau dans le lavoir. Le puits a été démoli par les allemands, dès leur arrivée en 1940 et remplacé ultérieurement par une pompe.
Le lavoir, constamment rempli d’eau, était un lieu d’activité domestique très fréquenté. Les lingremaises s’agenouillaient, autour dans des cases en bois. Chaque femme apportait son propre garde genoux et le remportait la lessive terminée. Les lavandières se penchaient sur la margelle formée de grandes pierres plates. Ces pierres sont toujours visibles aujourd’hui. Il fallait attendre que l’une ait fini pour prendre place à son tour.
Le linge était jeté dans l’eau, puis frotté au savon de Marseille. Il était ensuite tordu et plié plusieurs fois. Enfin il était battu avec un battoir en bois sur la pierre à laver, afin de l’essorer le plus possible. Si l’eau du lavoir était blanche et savonneuse le soir, elle se purifiait pendant la nuit et redevenait plus claire chaque matin, en raison du débit important de la fontaine.
Une fois par semaine, le samedi, un clapet était soulevé et le bassin se vidait entièrement pour se remplir le dimanche.
Le lavoir était le lieu où les femmes pouvaient se réunir, causer entre elles, plaisanter ou se disputer, et surtout, partager toutes les nouvelles locales. C’était aussi le lieu où les jeunes filles de Lingreville et des communes voisines venaient y plonger directement leur trousseau neuf. Ces jeunes filles qui avaient de nombreuses paires de draps fraichement brodés, des chemises et des torchons par douzaines venaient tremper leur linge au lavoir.
Certaines femmes allaient ensuite étendre leurs draps, directement sur le jonc dans les dunes, là où l’air pouvait circuler dessus et dessous, comme un bon séchoir naturel.
Les femmes du Mesnil ramenaient leur lourde lessive dans une brouette en bois. D’autres lavandières qui arrivaient de plus loin, se faisaient accompagner. Les hommes qui amenaient leur fille ou leur épouse en voiture à cheval, attendaient que l’opération soit accomplie en prenant un verre et en devisant à l’épicerie-café du Mesnil, juste en face de la fontaine. Marie Piston, la patronne tenait bien son commerce, puis ce fut Mme Décathéaugrue.
A partir des années 1960, les lave-linges sont apparus dans les maisons. Le lavoir s’est désertifié. Il a continué de servir pour laver les seiches après la pêche. Parfois, il a même été vu des anguilles frétillant dans le bassin.
Pendant la sécheresse de 1976, ce fut la seule source de Lingreville qui n’a pas tari. Beaucoup de lingremais sont donc venus s’y ravitailler pour leurs bêtes ou pour leurs champs en remplissant des tonnes à eau. Mais depuis le creusement, en 1977, de puits artésiens pour l’irrigation collective, il y a eu un changement de circulation de l’eau dans les fossés. La source ne coulait plus au milieu du lavoir mais dans des buses sous la route. Seul un creux, venant du Sud continue d’alimenter irrégulièrement le bassin actuel.
Le tarissement de la fontaine a entrainé, au départ quelques conflits entre voisins qui s’en disputaient l’accès. Aujourd’hui le lavoir est le plus souvent à sec, il en reste la construction carrée avec ses grandes pierres à laver inclinées vers le centre du bassin.
Le lavoir du Mesnil reste visible en bordure de la rue de Chausey, au niveau du n° 15, à gauche en descendant vers la mer. Quelques uns aimeraient voir ce patrimoine local remis en valeur. Ne serait-il pas possible d’aménager une petite dérivation de l’eau de cette source toujours existante? Le flux pourrait alors agréablement reprendre son cours d’Est en Ouest en traversant à nouveau ce lavoir. Tout au moins, ces belles pierres de granit gris bleuté, méritent d’être embellies et soignées pour être à nouveau admirées. Elles sont témoin d’une activité sociale lingremaise très ouverte, ancien lieu de vie et de rencontres.