La toponymie késako ? 


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Les noms locaux de villages et des parcelles d’un commune, c’est-à-dire la toponymie, nous renseignent sur son histoire ou l’évolution de ses paysages et de ses cultures. 

Certains de ces noms sont explicites, pour d’autres, leurs origines peuvent être supposées en fonction de l’histoire ou d’un élément marquant du site à une époque donnée. 

Annoville présente la particularité de posséder trois terroirs différents qui sont bien marqués dans ses paysages mais aussi par la toponymie : une zone littorale avec ses dunes, ses mares et ses prairies humides, une « campagne » cultivée et un bocage à prairies et vergers.

  • La Closerie : petite propriété entourée de murs ou de haies et possédant une maison d'habitation.
  • La Corbinière, la Croix, la Racine, l’Épinette, Les Carlettes (?), les Cosnichets (?), les Pièces du Puits, Les Tourelles, les Vallées, rue des Sablons : ces noms doivent probablement rappeler la présence ancienne d’un élément caractéristique du paysage. 
  • La Haie Croupée : du germanique « haga » signifiant à l’origine la lisière d’un bois, possiblement suivi d’un qualificatif rappelant la forme en croupe de la haie.
  • La Haulle : en Normandie, semble signifier le fossé. 
  • La Héronnière : lieu où les hérons se retirent et élèvent leurs petits. 
  • La Janière : nom normand signifiant un lieu planté de « jans », d’ajoncs. Aujourd’hui l’espace est une zone humide et boisée. 
  • La Planche Turgis : culture d’une bande de terre plus longue que large associé au nom propre du cultivateur ou du propriétaire. 
  • La Méautis : c’est le nom d’une ancienne famille de Normandie.
  • La Villemanière : autrefois « Vieule Manière ». Ce nom provient peut-être du seigneur du Mesnil-Villeman.
  • Le Bourg d’Annoville : Annoville signifierait « le domaine de Wulnod » ou « de Wulfnon ». Du latin « villa », domaine rural précédé du nom d’un personne anglo-saxon. Attesté sous la forme « Unnovilla » en 1172. Le monument aux morts d’Annoville de la guerre 1914-1918, comporte 10 noms. Pour la guerre de 1939-1945, 11 noms sont mentionnés dont 2 morts en déportation et 9 victimes des bombardements.
  • Le Bourg de Tourneville : Le nom est peut-être une combinaison du vieux norrois scandinave « thorn »,l’épine, et du nom latin « villa ».   La fusion des deux cures d’Annoville et de Tourneville daterait du XIIIe siècle. N’ayant alors qu’un seul curé, ces deux paroisses se sont naturellement regroupées sous le vocable Annoville-Tourneville. Le monument aux morts de Tourneville de la guerre 1914-1918, inauguré le 10 août 1921 comporte 19 noms. Pour la guerre de 1939-1945, un nom est cité. 
  • Le Bucard : pourrait être un dérivé du mot « bucaille » = bocage.
  • Le Clos Jeanet : espace de terre cultivée entouré de haies suivi d’un patronyme. 
  • Le Canal du Passevin : il se jette vers le nord dans l’estuaire de la Sienne, ancien port d’échouage de Regnéville qui accueille dès le Moyen Âge des bateaux transportant du vin d’Aquitaine. Ce nom « Passevin » rappelle peut-être le lieu de débarquement du vin en contrebande, afin d’éviter les taxes du port. Il draîne les eaux de ruissellement de Lingreville et Annoville qui arrivent dans le marais.
  • Le Château d’Annoville a été édifié au XVIIe siècle par la famille Michel d’Annoville en granite de Chausey. Cette famille en reste propriétaire jusqu’en 1916. Il est acheté par Pierre de Castellane en 2003. Celui-ci est maire d’Annoville de 2015 à 2017. 
  • Le Domaine : il s’agit probablement de la réserve seigneuriale d’une seigneurie, c’est-à-dire le domaine non fieffé réservé par le seigneur.
  • Le Hameau Au Coq, le Hameau Au Gendre, le Hameau Au Roy, le Hameau Cambernon, le Hameau Colette, le Hameau Ciney, le Hameau Hébert, le Hameau Hinet, le Hameau Jean, le Hameau Quesnel : « Hameau » est un mot d’origine saxonne signifiant un groupe d’habitation qui n’est pas le bourg, suivi du nom d’un habitant ou d’un propriétaire.
    • Cambernon : du latin « campus » le champ, le terrain, suivi du nom de personne « Bernon ».
    • Créances : Un François Créances a été maire d’Annoville en 1874-1876. 
    • Hébert : Plusieurs Hébert ont été maires d’Annoville : Charles (en 1828-1830), Dominique (en 1871-1874).
    • Quesnel : diminutif du normand « quesne » signifiant le chêne. Devenu un nom de famille.
  • Le Hameau des Champs : une grande partie de la commune semble avoir été depuis longtemps une « campagne » découverte propice aux champs labourés en lanières. En 1698, Annoville est décrite comme « un terroir propre à orge et lentilles : pas de plant (de pommiers) et encore moins de prairies ».
  • Le Manoir est constitué des anciens bâtiments de ferme du seigneur, implantés en cour carré et disposant d’un pigeonnier et d’un grand potager clos de murs, à proximité du château.
  • Le Marais : dépression arrière-dunaire dans laquelle s’accumule l’eau douce provenant du ruissellement de l’eau de pluie et des nappes phréatiques de surface. À partir du XVIe siècle, un assèchement des marais est engagé pour gagner de nouvelles terres et cultiver des légumes sur ces terrains sableux. Aujourd’hui, il a été remis en eau. 
  • Le Moulin à Vent : un des points culminants de la commune (40 m) exposé aux vents dominant d’ouest du fait de l’absence de haie. Un « molin à bley » est mentionné à Annoville dans l’État des fiefs de 1665-1685. Aucune trace de moulin n’existe aujourd’hui. 
  • Le Souquet : pourrait venir de l’ancien français signifiant souche d’arbre.
  • Le Tot, rue de la Croix de Tôt : mot scandinave « topt » signifiant le domaine . Mentionné dès le début du XIIIe siècle, le manoir est acquis au XVIIIe siècle par Jacques Léonor Couraye du Parc, armateur et corsaire granvillais.
  • L’impasse Champalain : de Chapelain, prêtre chargé de la messe dans une chapelle particulière. 
  • Les Carrières : lieu localisé sur du schiste ayant pu servir de matériau de construction ou d’empierrement.
  • Les Champs Harasse : un Jean-Philippe Harasse, député, participe au Cahier de doléances pour le tiers état, lors de l’assemblée des État généraux qui se tient à Annoville le 1ermars 1789. Un Basile Harasse est maire d’Annoville en 1876-1882.
  • Les Dunes : grâce à la création du site classé en 1966, l’espace dunaire d’Annoville est protégé. Aujourd’hui, ces dunes communales sont gérées, dans le cadre d’une convention, par le Conservatoire du Littoral qui a complété la protection par une zone de préemption en arrière des dunes. Ces mesures permettent aujourd’hui d’offrir à tous un paysage remarquable et un milieu naturel d’une grande biodiversité.
  • Les Landes : du gaulois « landa », terrain sec et peu fertile. Végétation existante avant la mise en culture de ces terres par l’homme.
  • Les Lochoures : plusieurs hypothèse ont été avancées pour ce nom peu fréquent : il pourrait venir du normand « lochi », être branlant faisant allusion au terrain instable gorgé d’eau ou encore à la présence de loche, un poisson d’eau douce, ou enfin à la présence de laîche, une plante de milieu humide appelée aussi carex.
  • Les Mares : sous l’ancien régime, les mares, marais, landes, dunes, garennes et janières sont des terres « communes » laissées en friches où tout le monde peut y mener paître ses bêtes et y prendre du bois, aussi bien les paysans que le seigneur. Une grande partie d’entre elles deviendront les « communaux ».
  • Les Fontenelles : petites sources et petites mares.
  • Les Mielles, la Ferme des Mielles : espace dunaire, du scandinave meir : colline de sable, dune.
  • Les Moitiés : nom probablement lié à un partage de terres. 
  • Les Parts : parcelles de culture partagées lors d’un héritage. Leurs formes anciennement en lanières proviennent de ces partages et de la facilité de cultiver en long.
  • Les Peupliers : lieu planté de peupliers, arbres plantés en milieu humide pour « assainir » un terrain. Implanté le long de la route de la mer, cet arbre au bois cassant et à courte durée de vie nécessite un remplacement régulier.
  • Les Pièces du Sud : au Moyen Âge, le seigneur partageait son domaine en « fiefs » : il confiait l’exploitation de ces terres à des familles relevant de sa seigneurie. La superficie d’un fief suffisait théoriquement à nourrir la famille. En contrepartie, la famille devait participer à la culture de la réserve seigneuriale et fournir des cadeaux en nature et numéraire. Le fief était divisé en « pièces » de terre.
  • Les Pièces Cavées : La cavée est le nom normand d’une ancienne voie de communication. Cela peut laisser supposer que la route des matelots possède une origine ancienne.
  • Les Pièces Turgis, Village Turgis : Turgis vieux danois « Thorgisl » otage de Thor. Plusieurs Turgis ont été maire d’Annoville : Camille (1929- 1945), Jean (1989-1995), Georges (2008-2014).
  • Les Prateaux : en ancien français, les petits prés. 
  • Les Russiaux : en Normandie, « « russé », « russias », les ruisseaux. 
  • Rue Billard : les Billard sont une importante famille de Tourneville, connue dès le milieu du XVIe siècle. Des pierres tombales du XVIIe et XVIIIe siècles sont toujours en place dans l’église. André Billard, député, participe au Cahier de doléances pour le tiers état, lors de l’assemblée des État généraux qui se tient à Annoville le 1ermars 1789. Un André Billard-Duhamel est le premier maire d’Annoville en 1794. Un Hyppolite Billard a aussi été maire en 1848-1855.
  • Rue de la Libération : la route départementale n°20 qui traverse Annoville du nord et sud est la voie qui a été empruntée par la 6e division blindée américaine lors de l’opération Cobra en juillet 1944. C’est le 29 juillet qu’Annoville est libéré, puis les soldats américains atteignent Bréhal et Granville  le 30 juillet.
  • Rue de la Mer : seule zone urbanisée du littoral d’Annoville. Le reste de ce littoral annovillais est resté en espace dunaire protégé.  
  • Rue de la Racine : au lieu-dit "La Racine", Aimable-Simon Mahé fait édifier en 1859 sa maison de "propriétaire" à côté de la ferme qu'il fait exploiter.
  • Rue du Jean : en Normandie rurale, « la rue » est un terme roman plus fréquemment utilisé que la route. Un François Jean a été maire d’Annoville en 1925-1929.
  • Rue des Levivier : un Ernest Levivier a été maire d’Annoville en 1924.
  • Rue des Écoles : les écoles élémentaires de filles et de garçons étaient autrefois implantées dans cette rue. 
  • Rue des Matelots : route empruntée par les marins du havre de la Sienne qui partaient embarquer à Granville pour la « Grande pêche ». Une croix de chemin au Hameau au Gendre présente une ancre et la mention « La croix es matelots » 
  • Rue des Nicolle : un Ernest Nicolle a été maire d’Annoville en 1922-1924.
  • Rue François Leconte : maire de 1945 à 1980.
  • Rue Jean et Germaine Couraye-du-Parc : Jean et Germaine Couraye du Parc sont résistant.e.s pendant la seconde guerre mondiale. Jean, président de tribunal, est déporté à Bunchewald en mai 1944 et y meurt en mars 1945 ; Germaine déportée à Ravensbrück en avril 1944, y meurt en août 1944.  Les Couraye du Parc sont une vieille famille d’Annoville. Léonor Charles Julien (1820-1893) une personnalité judiciaire et artistique de la Manche. Il a été maire d'Annoville en 1847 et 1848 et vécut en son manoir du Tôt. 
  • Rue Pierre Michel-d’Annoville : Les Michel d’Annoville sont une vieille famille locale. Pierre Charles Léonor Michel a été maire d’Annoville de 1804 à 1809.
  • Rue Saint-Marcouf : Marcou, marcoul ou Marcouf (490 - 558), prêtre né à Bayeux évangélisa les populations du Cotentin. Il était réputé pour guérie les écrouelles et les abcès. 
  • Ruisseau des Préquais, au sud, sépare Tourneville (Annoville) de Lingreville. Il rejoint le canal du Passevin dans le marais.
  • Ruisseau du Bouillon sépare au nord Annoville de Hauteville-sur-Mer
  • Village Mahé (à la limite d’Hérenguerville). Plusieurs Mahé ont été maire d’Annoville : Pierre (en 1797-1799), Jean-François (en 1809-1816 et en 1831-1835), Emmanuel (1980-1989).

Si vous possédez d'autres connaissances sur la toponymie d'Annoville, n'hésitez à les communiquer à la mairie. Merci. 

Sources : « Annoville-Tourneville et Lingreville au XVIIe siècle », Marcel Mahé, édité à compte d’auteur, 1999 ; « Principaux types toponymiques de la Normandie », Fernand Lechanteur. Annales de Normandie, 1957 ; « Noms de lieux de Normandie et des Îles Anglo-Normandes », René Lepelley, éd. Christine Bonneton, 1999 ; « Les noms de lieux en France - Glossaire de terme dialectaux », IGN ; « Toponymie normande » Wikipédia ; Wikimanche, Généawiki.